L'oeuf
D’un ovale parfait, d’une blancheur lactée. Que se cache-t-il derrière ce symbole universel ?
De l’Égypte ancienne aux Incas, en passant par la Chine, l’archétype de l’ovale est présent depuis l’histoire de l’humanité, à travers différentes civilisations et cultures tout autour du monde.
L’ovale vient nous faire réfléchir au chiffre 0, représentant à la fois le vide et la source de tout : « il précède et génère ».
L’œuf est le réceptacle d’un germe qui va grandir. Nécessaire pour transmuter la matière chez les alchimistes, le four (l'anathor) prend la forme d'un vase fermé : le vase alchimique. Il est à l’origine de la vie, et le symbole de la vie en gestation. Et comme « ce qui est en bas est comme ce qui est en haut », en tant que matrice de la création, il représente à la fois l’utérus, le cosmos et le ventre maternel. Il symbolise la fécondité au sens large, la nouveauté, la création.
Dans de nombreux mythes cosmogoniques, l’œuf est à l’origine de la naissance du monde.
En Inde « Au commencement il n’y avait que le Non-Etre. Il fut l’Etre. Il grandit et se changea en œuf. Il reposa une année puis il se fendit. Les deux moitiés étaient l’une d’argent, l’autre d’or. La moitié d’argent devient cette terre ; celle d’or, le ciel ; l’épaisse membrane, l’obscurité des nuages ; les petites veines devinrent des rivières ; la partie liquide, la mer. Et ce qui en naquit fut le soleil » (Chândôgya – upanishad, III, 19, 1)
Chez les canannéens, « Mochus met à l’origine du monde l’éther et l’air d’où nait Oulomos (l’Infini). Oulomos engendre l’œuf cosmique et Chansor (le dieu artisan). Chansor ouvre l’œuf cosmique en deux et forme le ciel et la terre de chacune de ses deux moitiés. » (Soun, 183)
Pour les Likouba du Congo « le jaune représente l’humidité féminine, le blanc, le sperme masculin. Sa coquille, dont l’intérieur est isolé par une membrane représente le soleil, issu de la coquille de l’œuf cosmique qui aurait brulé la terre, si le créateur n’avait transformé la membrane en atmosphère humide » J-P Lebeuf dans le Dictionnaire des Symboles de Jean Chevalier.
L’œuf est monocellulaire et fertile. Grâce à la fécondation, la dualité au sens rencontre de deux opposés/complémentarités peut s’exprimer (Cf. symbole du Taijitu ou yin et yang) C’est donc bien dans l’unité que peut s’exprimer la dualité.
« L’œuf cosmique est un, il contient à la fois ciel et terre, les eaux inférieures et les eaux supérieures » Dictionnaire des Symboles de Jean Chevalier.
Impossible d’aborder la symbolique des œufs, sans passer à côté des œufs de Pâques. D’où nous vient cette tradition ?
Là encore, faisons un saut en arrière dans les traditions antiques grecques, romaines et égyptiennes. Pour célébrer l’éclosion de la nature, il était coutume d’offrir des œufs à l’arrivée du Printemps.
Ces œufs, peints et décorés étaient gages de prospérité et longévité.
Le Moyen Age, période de transformation dans de nombreux domaines, n’a pas épargné les traditions. On interdit la consommation des œufs durant le Carême chrétien, ces derniers seront alors consommés à Pâques, célébrant la résurrection de Jésus Christ, et sa sortie du tombeau. On assiste alors bien à une renaissance (un retour, une répétition) et non à une naissance.
Malgré l’évolution des traditions, le symbolisme de l’œuf, lui, est resté universel (d’ailleurs la sortie du tombeau, ne vous rappelle pas la sortie d’un œuf, qui elle-même peut faire penser à la sortie du foyer cocon ou du ventre maternel ?)
L’œuf vient également nous parler de nos origines.
Allez, un peu de gourmandise - la marque Ferrero semble avoir repris à travers « le cadeau » contenu dans les Kinder Surprise, l’idée du trésor/secret enfermé dans le coffre.
Derrière la coquille se cacherait la connaissance.
Enfin, l’œuf évoque « la pureté originelle, celle à laquelle le sage au terme de son long cheminement spirituel fait retour ».


L'impermence
Autour de nous tout est en mouvement. Des électrons à la terre, tout se déplace.
Le mouvement nous rappelle que tout est amené à changer, que tout est cyclique, qu’à l’automne on assiste à la mort progressive des végétaux, que l’hiver est nécessaire pour que se régénère la terre,
pour pouvoir assister avec une énergie transmutée, à la germination au printemps, de végétaux qui pour la plupart se déploieront au zénith et montreront toute leur beauté en été.
Accepter le mouvement c’est accepter que tout puisse être éphémère, que toute chose qui naît est amenée à mourir, que rien ne reste identique.
Prenons l’exemple des nuages qui flottent et créent des formes dans le ciel sans cesse différentes, ou de la mer dans laquelle nous avons pour habitude de venir se baigner; chaque jour cette eau est différente,tant au niveau de sa composition, de sa température, que de son aspect.
De fait, rien n’a d’identité fixe.
Plus nous ralentissons, plus la notion de temps perd de son sens, ce qui nous semblait chaque jour différent, évolue désormais à chaque seconde.
Cette impermanence, érigée en loi universelle, a un côté réjouissant, c’est celle qui permet de voir un enfant grandir, ou une relation se transformer. On réalise que cela ne sert à rien de s’accrocher, comme si une chose allait toujours rester identique.
Elle nous apprend à profiter de chaque instant, car ce moment ne se reproduira jamais à l’identique : par exemple les ondes de forme créées par un caillou jeté dans l’eau, une caresse sur une joue,…On tente bien que mal de capturer ces moments, les faire durer, essayer de les reproduire.
Se rappeler de l’impermanence, donne de l’espoir, l’espoir de voir les choses changer. Elle permet de mieux accepter les fins de cycles, de les vivre sereinement, et in fine de réussir à lâcher prise. La crispation freine le mouvement, mais on remarque que cette force finit bien souvent par prendre le dessus, tout simplement parce que les conditions et les causes ne cessant d’évoluer, rechercher une permanence, n’a pas de sens.
Le contrôle est l'ennemi du mouvement, il rigidifie, et contribue à faire rompre le roseau. Visualisez un tronc d’arbre qui tombe dans un ruisseau et freine la course de l’eau, elle continuera de couler, dans son lit ou hors de celui-ci.
La solution pour lâcher le contrôle, semblerait résider dans la confiance. La confiance permet de lâcher prise, de déléguer, de se laisser porter par le flow de la vie. La confiance en soi, puis dans les autres et enfin dans la vie, pour en revenir toujours au même sujet : l’amour.
Tout ce qui a été réuni se sépare.
Tout ce qui naît, meurt.
Tout ce qui a été construit, s’écroule.
Tout ce qui est composé se décompose.